Conversation

Cercles de la Parole Conteuse - Carnet de bord des cercles
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Cercles de la Parole Conteuse- Compagnie Conte

Bien souvent, nos contes ont suscité des observations, des questions et nous avons pris le temps de converser, non pour valider une pensée ou amener une connaissance philosophique mais pour accompagner la prise de parole dans le respect de chacun.

Nous nommons ces moments Conversation en prenant ce terme dans sa dimension étymologique : com/avec-ensemble et versare/ tourner autour. Au 14ème siècle quand le mot est apparu il avait ce sens : lieu où l’on vit, où on habite.

Pour nous, au sein des Cercles, la conversation est ce temps que l’on se donne pour tourner autour de ce que l’on sent, ressent et pense et le mettre en mot pour le partager avec les autres, sans jugement et sans dictat d’une pensée unique. Comme il n’y a pas de petites histoires dans le corpus particulier des contes, ils sont tous susceptibles de déclencher des conversations spontanées et vécues comme nécessaires dans le partage humain.

Ce besoin d’échange s’est déclenché autant sur la thématique du conte que sur une image ou encore dans la résonance émotionnelle et nous avons observé des réactions très différentes sur un même conte.

Par exemple, le conte des « Trois pets de l’âne » qui parle directement de la mort a tantôt été entendu principalement sur sa part humoristique des trois pets annonciateurs de la mort et tantôt a déclenché le besoin de partage autour de la mort avec des témoignages personnels.

Une des particularités de ces récits que sont les contes traditionnels et que nous cherchons à préserver dans nos versions contemporaines, est qu’ils ne disent jamais tout. Ils laissent constamment, et tout au long de leurs développements, des zones où ceux qui le reçoivent peuvent épanouir leur créativité en toute subjectivité.

Dans cette pratique des Cercles, le fait de pouvoir entendre plusieurs fois le même conte a permis à chacun d’entendre et d’entendre encore ce que ce récit éveillait en lui et bien souvent de constater des changements d’une fois sur l’autre « Avant j’avais pas vu ça ! ».

Avec les contes que nous avons proposé, les conversations ont tourné autour de thématiques comme : le pouvoir, la possession, l’injustice, les rêves/les cauchemars, la confiance dans ses rêves, la mort, la réalité imaginaire et la réalité concrète, l’obéissance et la désobéissance, l’absurde, la confiance en soi, la peur, le tout possible, la solidarité, le consentement…

Au sein des Cercles, permettre l’expression de notre subjectivité sensible en relation avec les autres et tout ce qui est autre, nous fait avancer dans notre individuation. Le fait de manifester sa singularité au sein d’un groupe qui la reconnait et d’offrir aux autres cette même possibilité sont ce qui nous garde de l’individualisme qui est le contraire de l’individuation. Ce va et vient entre les contes et la conversation y participe pleinement.

Dans l’audio, vous entendrez :

- Un enfant témoignant qu’il a facilement les images d’un des contes car il s’appuie sur sa connaissance concrète

(son père a des cochons) puis affirmant ne pas avoir d’image sur les autres contes car il n’en n’a pas d’expérience concrète. Il n’a pas encore conscience que sa capacité à concevoir des représentations peut se construire par l’assemblage de fragments et d’invention.

- Un enfant qui, à la suite d’un conte donné par un camarade avec une sorcière tueuse, partage une histoire de famille. Celle-ci dit combien les enfants sont sensibles et curieux du récit familial et comment un conte peut éveiller le lien avec un récit entendu dans la famille.

- Des témoignages qui illustrent que très souvent spontanément les enfants posent des questions sur ce qu’ils viennent d’entendre ou ressentent le besoin de formuler avec leurs mots le sens qui leur est parvenu.

- 2 extraits sur des réflexions venues à partir d’un même conte où sont en jeu une femme pauvre qui a pour seul ami un petit coq qui va lui ramener de quoi vivre et un personnage de pouvoir et d’avidité qui est le roi. On peut mesurer comment chez des enfants de 7/8 ans les pensées sur notre vivre ensemble s’élaborent et se questionnent.

- 2 extraits suite au conte des « 3 pets de l’âne » qui aborde la mort/la peur de la mort. La parole spontanée de ces enfants disent leur besoin de partager sur ce thème encore tellement tabou dans notre société et que le conte porte depuis toujours.

- Le témoignage d’un enfant qui suite au conte du « Cheveu rouge » où un homme voit et entend dans son rêve son enfant qui naîtra bientôt, relate avec émotion son vécu et son sentiment d’avoir vécu une expérience extraordinaire et inoubliable. Sa force de témoignage est touchante.