Langue joueuse et corps

Cercles de la Parole Conteuse - Carnet de bord des cercles
La langue joueuse, le corps en mouvement

Cercles de la Parole Conteuse- Compagnie Conte

Au début de chaque Cercle, des pratiques qui mettent en jeu les sonorités et la musicalité de la langue étaient partagées avec les participants : passages de sons, grommelot, virelangues, chants… de manière ritualisée. Ceci nous permettait de poser d’emblée un contexte joueur et d’entrer dans l’espace sonore de la langue en l’explorant de façon simple, plaisante et incarnée.

Une langue, quelle qu’elle soit, est avant tout constituée de sons, d’une phonétique articulatoire et surtout, surtout, elle est source de plaisir !

Ainsi, les voix se faisaient entendre, soit toutes ensemble, de manière chorale, soit individuellement. Chacun restant libre de dire « Je passe » et cette possibilité était infiniment précieuse et même indispensable. En effet, outre l’espace du jeu et du plaisir, cette pratique permettait également d’installer un climat de confiance en dédramatisant, par exemple, la malheureuse accroche phonétique (la langue qui fourche) qui nous guette dès lors que nous nous exprimons et que les participants pouvaient rencontrer lorsqu’ils se mettaient à conter. 

Dans la pratique du passage de sons ou de grommelots avec les enfants et les adultes les accompagnant, nous avons observé qu’au début, pour certains, il y avait de la crainte à s’y lancer. Oser produire un son que je n’ai pas préparé voir répété pour m’assurer de sa valeur était, pour plus d’un, un inconnu inquiétant. Prendre le temps d’observer « si quelque chose me vient ou pas ? » était une découverte. Nous prenions alors toujours soin de rappeler que « la chose » en question était à laisser venir depuis le corps, les sensations, le plaisir, la surprise et non pas depuis « la tête » c’est à dire dans un savoir

pré-existant, connu et entraîné.

Au fil des séances, cela devenait de plus en plus une écoute de l’instant. Les participants levaient de plus en plus souvent le doigt sans avoir anticipé ce qu’ils allaient proposer et prenaient le temps de le rechercher sous le regard des autres, entrant ainsi en relation avec une écoute intérieure et le surgissement de leur inconnu : « Je ne peux pas savoir avant de l’avoir fait comment ma voix va produire ce son, ce que ma bouche va laisser sortir comme mot pour exprimer mes images intérieures, comment ce grommelot va faire entendre une intention. ».

Expérience précieuse qui permettait de les initier en douceur au processus créatif de la parole conteuse, à savoir solliciter cette intelligence du sensible qui ouvre la créativité en lien avec l’intime et l’instant présent, une créativité qui parle aux autres. Cela a très souvent était source pour les participants d’une grande joie. Joie de trouver et retrouver un espace, au milieu d’autres, où cette expérimentation était permise et invitée.

Dans l’écoute des contes que nous leur donnions ensuite, les participants découvraient comment ces sons, ces jeux de langue concourent à nourrir la parole conteuse en lui donnant sa musicalité.

Le corps en mouvement

Assises au sol en Cercle avec les enfants ou sur des chaises avec les adultes, nous avons toujours pris soin d’inviter les participants à s’exprimer et se positionner dans un corps le moins contraint possible tout en étant respectueux des autres.

Nous contions assises mais sans rien diminuer de l’engagement corporel de notre parole conteuse. Nous avons pu observer, chez les enfants, à quel point l’acte de conter les absorbait tout entier : le regard s’accrochant à celui qui écoute ou les yeux partant dans le vague quand ils s’en allaient chercher à l’intérieur d’eux-mêmes les images ; les bras, les mains dessinant le conte dans l’espace, le corps mimant l’acte, l’émotion se manifestant ; le surgissement de petits gestes répétitifs comme tournicoter un bout de vêtement ou répéter un mot comme « en fait » ou « du coup ». Ces mouvements, gestes, réflexes qui se mettent en place sont des activateurs de la mémoire, à ne surtout pas interrompre au risque de casser l’élan de la chaîne mémorielle. Ces mouvements s’éteignent naturellement au fur et à mesure que l’appropriation intime du conte s’accomplit.

Cercles de la Parole Conteuse- Compagnie Conte

Pour certains enfants cette mise en mouvement du corps étaient « gênante » et fut l’occasion de conversations passionnantes ! Pour d’autres, et pas forcément ceux qui prenaient la parole en classe, cette possibilité de laisser le corps entrer dans l’expression était libératoire de leurs compétences à prendre parole.

Dans l’audio, vous entendrez les enfants s’amuser en toute simplicité avec la langue à travers différentes pratiques joueuses et interactives : jeu avec les prénoms, des sons, des virelangues


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