Cercles Hors scolaire

Cercles de la Parole Conteuse - Carnet de bord des cercles
Les 5 cercles hors milieu scolaire

Cercles de la Parole Conteuse- Compagnie Conte

5 Cercles ont été menés hors milieu scolaire. Nous relatons ici seulement ce que nous avons observé de particulier, voir de difficile, autant dans la menée que dans les participations.

Enfants hors cadre scolaire

• Centre Social

Les Cercles menés par Marie-Pierre qui se sont déroulés au Centre Social de Veynes ont concerné des enfants âgés de 7 à 11 ans. Ils se sont tenus en lieu et place du temps périscolaire de « l’aide au devoir » en fin de journée, sur la base du volontariat des enfants, précédés par celui des parents. Les enfants ne souhaitant pas participer pouvaient choisir de retourner sur le temps de devoirs. Aucun ne l’a jamais choisi. De temps en temps des enfants étaient absents du fait du planning de leurs parents.

Ils ont constitué un groupe d’environ 10 enfants.

Toutes les rencontres ont été accompagnées par Elodie, animatrice, qui avait une connaissance et un intérêt certain pour la parole conteuse, ce qui a grandement facilité le déroulement du Cercle. 

La particularité de ce Cercle a été lié à la grande fatigue des enfants en fin de journée. Les corps étaient très agités et avaient du mal à tenir en place. Il a donc fallu beaucoup de souplesse et accepter des corps non normés dans l’attention. Au début, nous étions dans une salle très sonore, assis au sol sur nos tapis. Après la deuxième séance, nous avons migré vers un espace de fauteuils qui pouvait mieux accueillir et amortir la fatigue du jour. Il ne s’agissait en aucun cas ici de rappeler le cadre et l’exigence scolaire, il était impératif de permettre aux corps des positions de détente, tout en ayant besoin pour que le Cercle ait lieu, d’un minimum d’attention et de calme. Cela pouvait être parfois délicat à gérer et il a été précieux que ce groupe fût petit. Malgré ces difficultés, les enfants n’ont pas « lâché » ; ils ont manifesté une belle et grande soif d’histoires à entendre et à raconter.

 

Enfin, comme nous étions dans un Centre Social et que ce dernier réunit divers groupes, notamment un groupe de femmes, Elodie a tenté, en lien avec la référente famille, de monter un groupe intergénérationnel. Pour diverses raisons, cela n’a pas pu se faire. Ni ici, ni dans le groupe du Centre de Loisirs (décrit ci-dessous), pour lequel nous l’avions également envisagé. Cela reste un regret pour nous, de ne pas avoir pu expérimenter cet aspect là de la pratique des Cercles.

• Centre de Loisirs

Les Cercles menés par Marie-Pierre qui se sont déroulés au Centre de Loisirs de Pont du Fossé ont concerné des enfants âgés de 5 à 11 ans.

Ce Cercle n’était pas prévu dans le projet de départ. À sa place devait se tenir un Cercle en médiathèque avec un public intergénérationnel à partir de 7 ans.

Mais comme cela arrive parfois dans les structures, un changement dans les ressources humaines de la médiathèque a rendu caduque notre projet. Il a donc fallu se retourner assez rapidement.

Pour notre plus grand bonheur, Céline, animatrice au Centre de Loisirs de Pont du Fossé, qui avait elle aussi une connaissance et un intérêt certain pour la parole conteuse, et avait en plus bénéficié d’heures de formation auprès d’Anne Lopez, nous a ouvert les portes de sa structure. De plus, avant de prendre son poste d’animatrice à Pont du Fossé Céline avait participé à l’expérience pilote de Montmaur où nous avions « testé » notre tout premier Cercle. Cela nous a permis d’avoir tout de suite un langage commun et fût infiniment précieux.

Les Cercles avaient lieu le mercredi matin, sur un temps d’accueil pour les enfants dont les parents travaillent le mercredi.

Les particularités de ce Cercle :

-       La grande différence d’âge entre les enfants : de 5 à 11 ans. Cette différence en fait s’est uniquement remarquée dans la capacité à raconter car l’écoute des 5 ans a toujours été là que ce soit moi ou un « grand » qui contait. En effet à 5 ans la possibilité de mémoriser l’enchaînement de plusieurs séquences est encore difficile, de surcroît chez des enfants qui n’en ont aucune pratique.

 -       La fluctuation du groupe a été très importante : les parents ne déposant pas toujours de manière régulière leurs enfants au centre. Beaucoup d’enfants venaient une fois sur deux, d’autres sont arrivés pour la première fois à la 6ème séance… Cela a rendu difficile la dynamique et la progression des séances.

 -       La fatigue du mercredi matin… Les enfants avaient bien sûr la possibilité de ne pas participer au Cercle, néanmoins ils devaient rester dans la même salle. Dans un premier temps nous leur avons proposé des coloriages fournis par le centre avec des personnages de dessins animés dont ils avaient l’habitude. La moitié du groupe est partie colorier. Ce mouvement était aussi liée à la fatigue, dans le sens où il est bon de faire quelque chose de familier, à son rythme et non soumis à une demande extérieure. La séance suivante, nous avons décidé pour le dessin de leur proposer des feuilles blanches, les mettant ainsi en situation de rencontrer leur créativité. Cela a eu pour effet de rééquilibrer la balance en faveur de la participation aux Cercles. Bien évidemment ils avaient écouté les contes tout en coloriant puis en dessinant, une graine était semée !

 

En dehors du cadre scolaire, avec les enfants, les conditions pour le bon déroulement d’un Cercle sont moins aisées à mettre en place et à obtenir, aussi bien avec les structures accueillantes qui ont des contraintes réelles, qu’avec les enfants.

 La différence à Pont du Fossé a résidé dans le fait que le choix de ne pas participer n’entraînait pas comme dans les autres lieux la demande d’aller faire ses devoirs (cadre scolaire ou aide aux devoirs) ce qui influaient sur leur choix. Dessiner ou s’allonger au calme ou participer au Cercle ouvrait un éventail de choix différents et moins contraints. La plus grande liberté de choix qui leur était proposée a permis que s’exprime avec plus de confiance et d’intégrité quand ils prenaient la décision de participer.

Leur présence alors au sein du Cercle étaient nettement moins, ou plus du tout, sous influence extérieure, elle émanait bien d’eux.

 

Pour la menée du Cercle cela était assurément nettement moins « confort » ! Cette plus grande liberté des enfants a exigé de trouver des ressources et une tranquillité pas toujours évidentes à mettre à jour, mais qui apporte ensuite beaucoup de sérénité et de confiance. Voir les enfants apprivoiser cette proposition, y venir, des fois dans plusieurs va et vient, y trouver leur place et leur parole est infiniment réjouissant. Cela nous relie de manière plus certaine encore à ce besoin de récit qu’éprouve l’humanité.


Cercles de la Parole Conteuse- Compagnie Conte
Cercles de la Parole Conteuse- Compagnie Conte
Cercles de la Parole Conteuse- Compagnie Conte
Cercles de la Parole Conteuse- Compagnie Conte

• Adultes : Foyer des Guérins

Les Cercles se sont déroulés au Foyer des Guérins qui est un lieu d’hébergement et de vie pour des adultes porteurs de handicaps. Les Cercles ont été menés par Anne, sa pratique antérieure en tant de psychomotricienne lui a été d’un réel soutien pour entrer en relation et adapter le contenu. Les personnes étaient invitées et libres de choisir de venir, de quitter le groupe pendant la séance. Une aide-soignante a eu la charge de réaliser les invitations. Anne ne savait rien à l’avance des capacités des personnes : certaines n’avaient pas la possibilité de parler, toutes au départ étaient très mutiques et peu d’entre elles ont même engagé des conversations.

 

« L’accompagnante a joué un rôle décisif et précieux alors qu’elle ne connaissait pas la parole conteuse. Elle a su saisir rapidement ce qui se passait sur le Cercle et inviter à la fois les personnes pour lesquelles elle était convaincue de l’intérêt mais aussi d’autres qui se sont révélées tout aussi assidues alors que ça n’était pas gagné d’emblée comme pour C. qui communiquait seulement par cris et gestuelles. Elle était participante et manifestait son plaisir de vivre ce moment tous ensemble. Le groupe s’est stabilisé autour de la 4ème séance (quatre hommes et une femme) et a été de plus en plus participant et demandeur, les personnes lui en parlaient entre deux séances.

Évidemment aucune personne n’a pu raconter un conte en son entier ou même un morceau.

L’enjeu ne pouvait être celui-ci mais j’ai pu garder la particularité du Cercle dans le fait de solliciter une reprise chorale par la gestuelle, le mime, les mots, les ritournelles.

La première fois, je donnais le conte solo mais dès la fois suivante, nous le donnions ensemble dans les parties qui le permettaient. A partir de la 5ème séance, dès la première écoute ils entraient spontanément dans la partie chorale. Avec les contes que nous avons pu partager plusieurs fois, sur certains moments je ne faisais plus que le geste ou je suspendais la phrase et ils complétaient avec grand plaisir.

À partir de la 3ème séance, il était possible à certains de se rappeler des contes déjà entendus deux fois, en donnant un ou deux mots qui les avaient marqués. Ensuite, tous s’en rappelaient suffisamment pour exprimer des préférences.

Ayant des repères sur leur capacité de compréhension et de mémorisation, j’ai donné des contes plus complexes et plus long, jusqu’à 40 mn et ils ont eu une écoute engagée tout du long.

Cette parole spécifique de la parole conteuse les a rencontrés de façon active car le corps avec les gestuelles qu’ils pouvaient reprendre, les mimiques et les voix dans l’expression des émotions leur faisaient écho, leur donnant à vivre le conte. Ils n’écoutaient plus seulement.

Les participants comme l’accompagnante ont demandé à continuer. »

 

• Adultes vivant en maison de retraite

Deux Cercles ont été réalisés, par Anne, l’un après l’autre sur 10 semaines consécutives d’une durée allant de 30 à 50mn.

Les deux groupes ont été tout du long très fluctuant et sans présence d’accompagnant par manque de personnel. Le nombre a varié de 3 à 9 personnes. Plusieurs fois des personnes sont restées aux deux Cercles avec entre les deux une pause goûter. 3 personnes ont participé aux 10 séances, les autres entre 2 et 5. Les absences étaient dues à différents paramètres qui tenaient autant à la fatigue/santé/soins des personnes qu’aux contraintes du personnel pour organiser ce moment.

«Les groupes étaient constitués avec des personnes valides et d’autres plus fragiles dans leur corps et dans leurs capacités à communiquer. Le mélange a plus d’une fois créé de fortes inquiétudes chez les « valides » du fait des comportements physiques de certaines personnes (personne qui se penche de plus en plus, tombera, tombera pas ? Tremblement de plus en plus manifeste, etc.). D’une toute autre façon, sur le temps de l’installation, une personne angoissée en entrant puis sortant de la salle avec des comportements agressifs a déstabilisé le groupe. Après son départ, il nous fallait du temps pour retrouver suffisamment de sécurité pour qu’il y ait à nouveau de la disponibilité. Je suis toujours convaincue que les personnes fragiles ont toute leur place (il y a eu plusieurs belles rencontres et surprises !) mais il aurait fallu la présence d’un soignant pour répondre rapidement aux besoins physique ou psychique.

Pour les personnes « valides » le silence a été grand au départ, ce silence est ce qui s’entend le plus dans ce lieu de vie… J’ai eu l’envie d’apporter, dès la première séance, ma harpe harmonique (cf.photo) et elle a permis d’entrer en relation individuellement puis de l’une à l’autre avec un vrai plaisir grâce à la beauté des sonorités et au fait d’oser faire quelque chose que la personne n’avait jamais faite.

D’une séance sur l’autre, aucune ne se souvenait des contes et chants de la semaine précédente mais quand je les relançais, grâce à la gestuelle, le conte leur revenait par bribes. Aucune n’a raconté mais par mes sollicitations toujours dans le jeu de la parole conteuse (gestuelle/mimique/intonation/rythmique/suspension), des ajouts de mots, d’expression venaient que je brodais sur l’instant et reprenais la fois d’après.

À partir de la 5ème séance, il y a eu des échanges à partir des contes où certains passages évoquaient des souvenirs

et/ou des connaissances et plus particulièrement sur les contes de mon répertoire qui s’inscrivent dans les Hautes-Alpes. Malgré les difficultés, la demande a été faite par les résidents comme par le responsable de l’animation de pouvoir continuer cette pratique des Cercles.»

 

Un questionnement

Que ce soit en foyer ou en maison de retraite nous pouvons interroger le fait suivant : étant donné que les participants n’ont pas les capacités pour s’essayer à conter, est-ce toujours une pratique de Cercle de la Parole Conteuse ? Ne vaudrait-il pas mieux développer la forme spectacle qui n’engage que l’écoute ?

Il me parait important de ne pas réserver cette pratique qu’aux personnes ayant les capacités de pouvoir conter et de tenir compte des particularités qu’offre la pratique des Cercles pour la différencier de la forme spectacle : l’assise en cercle qui permet d’aller plus avant dans la rencontre de personne à personne, le fait de pouvoir passer de la parole conteuse à la conversation, la reprise des contes avec la participation qui permet l’appropriation et le partage au sein d’un groupe au moment du Cercle et en dehors.

Toutes ces spécificités font que ces personnes ont la possibilité d’entrer vraiment dans l’espace particulier de la parole conteuse et à leur manière de se l’approprier dans le jeu intérieur des images, des sensations, des émotions. En cela l’expérience est très différente du temps éphémère d’un spectacle qui dans ces lieux de vie a lieu une fois par an quand il a lieu…

Bien sûr cela demande à l’artiste conteuse à la fois d’avoir un large répertoire et de pouvoir modeler sa version sur l’instant en engageant le corps, les émotions et la participation chorale, tout en tenant le fil bien solidement. Fil sur lequel elle brode les propositions du groupe à l’instant où elles jaillissent ! Il lui faut aussi être à l’aise avec le silence, le non retour des participants ou des retours qui ne sont pas facilement compréhensibles.


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Projet financé avec le concours de l'Union Européenne avec le Fond Européen Agricole pour le Développement Rural

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